mardi 10 juillet 2012

Le roi n'a pas someil de C.Coulon


La sobriété du style de Cécile Coulon – où explosent soudain les métaphores – magnifie l’âpreté des jours, communique une sensation de paix, de beauté indomptable, d’indicible mélancolie.

« Ce que personne n’a jamais su, ce mystère dont on ne parlait pas le dimanche après le match, autour d’une bière fraîche, cette sensation que les vieilles tentaient de décortiquer le soir, enfouies sous les draps, ce poids, cette horreur planquée derrière chaque phrase, chaque geste, couverte par les capsules de soda, tachée par la moutarde des hot-dogs vendus avant les concerts ; cette peur insupportable, étouffée par les familles, les écoliers, les chauffeurs de bus et les prostituées, ce que personne n’a pu savoir, c’est ce que Thomas avait ressenti quand le flic aux cheveux gras était venu lui passer les bracelets, en serrant si fort son poignet que le sang avait giclé sur la manche de sa chemise. » De quoi Thomas est-il responsable ? Qui a tiré les ficelles de cet invraisemblable jeu de dupes ? Chronique d’un drame, histoire d’un destin inattendu, Le roi n’a pas sommeil fascine par la manière insidieuse dont l’étau se referme autour de son personnage. Cécile Coulon, qui mêle avec brio la transparence et la noirceur, révèle la part d’ombre d’une vie ordinaire. Après Méfiez-vous des enfants sages, elle mélange le réalisme le plus cru au suspense le plus déroutant. Un roman d’amour et de haine, de violence et de trahison, aux pages traversées par le vertige de la vie humaine, que l’on porte en soi longtemps. Avec une écriture rigoureuse, Cécile Coulon dit la solitude hébétée, la vie fragile, l’impuissance. Palpitant, inquiétant, Le roi n’a pas sommeil ne laisse pas ses lecteurs au repos.

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